Vous souvenez vous du temps où nous étions à l’école, au collège, au lycée ? De ce temps qui était consacré à apprendre, à acquérir des connaissances ? De cette époque où il arrivait parfois qu’on nous dise des choses comme : « appliques toi », ou encore sur un devoir rendu: « travail bâclé ! ».
Avez-vous une seule fois eu affaire à ce genre de remarque depuis votre entrée dans le monde « actif » dit du travail ? J’en doute.
Comme si le temps de l’apprentissage et de l’application était terminé, comme si, une fois passés sous les fourches caudines des examens et autres concours, nous étions autorisés à nous en laver les mains, comme si notre seule fonction n’était plus que de produire et faire tourner la machine.
Et pourtant. Comme la machine tournerait mieux si nous décidions de nous appliquer, si ce n’est de nous impliquer.
Un exemple ? Avez-vous déjà lu vos propres lettres de relance ?
Je parle de celles que votre super progiciel full web mode SAAS compatible SAP garanti sans plantage vous sort automatiquement tous les mois selon un paramétrage millimétré, qui assure votre sérénité, et qui vous donne la bonne conscience du travail bien fait.
A quoi ressemble votre première lettre de relance ?
N’y a-t-il pas la mention « première relance » en haut ? « ha oui, je n’avais jamais fait attention » me direz-vous.
Lorsque VOUS recevez une lettre ou figure cette mention « première relance » quelle est votre réaction ? Quel est le message implicite (si ce n’est quasiment explicite) que vous adresse cette lettre ?
« C’est bon, ne t’inquiètes pas, je ne suis que la première d’une (longue) série à venir, tu peux prendre ton temps avant de dégainer ton chéquier, il n’y a pas le feu, nous ne sommes pas pressés, nous avons toute la trésorerie qu’il nous faut… »
Vous n’avez pas besoin de lire plus avant le corps de cette lettre pour comprendre qu’elle porte en elle-même l’antidote à l’effet qu’elle est censée provoquer.
Et vous voudriez que l’effet soit différent lorsque c’est vous qui envoyez le même genre de lettre ? Je ne vois pas comment…Nous avons tous les mêmes gênes.
Il en est de même en ce qui concerne le pavé du destinataire comprenant le nom de la société, l’adresse, la ville et le code postal et qui est visible à travers la fenêtre de l’enveloppe avant même que celle-ci n’ait été ouverte.
Le nom de la personne destinataire du courrier figure en général en seconde ligne. C’est le nom de votre interlocuteur chez votre client. Mais s’il n’a pas été renseigné dans votre super progiciel, tout super qu’il est, vous obtiendrez une ligne blanche, vide, ou un « la comptabilité fournisseurs », ou encore : « Monsieur le Gérant » (même si c’est une femme).
En résumé, vous enverrez un signal subliminal fort à votre client qui lui dira quelque chose comme: « je ne sais pas qui tu es, je ne t’ai pas identifié, contractuellement je suis nul, mon informatique écrit mes lettres, tu peux prendre ton temps pour me payer ».
Passons au fameux : « sauf erreur ou omission », je l’adore celui-là !
Vous avez de haute lutte décroché votre client en lui vantant tous vos mérites d’efficacité, de performance, de rectitude, voire de génie, et lorsque vous en venez à votre propre comptabilité vous lui avouez que c’est votre talon d’Achille, que vous n’êtes absolument plus certain de rien et que d’un seul coup vous devenez capable d’erreurs ou d’omissions ?!
Autant lui écrire directement quelque chose comme : « Monsieur le Client, excusez-nous de vous demander pardon, mais peut-être qu’éventuellement, vous nous devez quelque chose… » !
Bref. Je pourrais continuer assez longuement sur ce simple sujet de lettre de relance mais vous voyez où je veux en venir.
Tout cela est du travail bâclé !
Il nous faut nous appliquer et cesser d’appliquer des process, des consignes, des protocoles dictés par je ne sais qui.
Il y a trente ans déjà j’entendais parler de « recouvrement à la grand papa », évoquant les services poussiéreux, les ronds de cuirs, et les piles de dossiers papier.
Aujourd’hui on ne dit plus « chef du contentieux » mais plutôt Credit Manager, ce qui recouvre (sans jeu de mot) un champ d’activité plus large.
La technologie informatique et web permet des merveilles mais ouvre également la porte au grand n’importe quoi.
Je suggère de recommencer à faire tourner nos méninges qui sont après tout les ordinateurs les plus puissant connus sur terre.
Qu’en pensez-vous ?